Nous avons rencontré Hamza, Redouane et Imad lors de l’expédition #01 au Maroc.
MA VIE, MON OEUVRE
Je suis Hamza Taleb (au centre), j’ai 29 ans, je suis chef service comptable au sein d’une multinationale, Schell, au Maroc.
J’ai fait une Business School au Maroc. Durant les années 2005 à 2007, on organisait des clubs de réflexion avec des amis pour réfléchir à comment impacter positivement notre pays. On débattait, on allait voir les maisons des jeunes, des femmes, etc. On faisait des petites actions comme ça, mais ça restait des actions non organisées. A partir de 2010, on a créé notre association : Social Change Makers.
Je m’appelle Imad Belfakir (à droite), j’ai 34 ans, je viens de Casablanca.
Je m’appelle Redouane (à gauche), j’ai 38 ans. Je suis entrepreneur et je suis membre-fondateur de l’association A Better Tomorrow, pour travailler dans les écoles en milieu rural.
COMMENT NOUS OEUVRONS POUR LE MONDE
Hamza : A partir de 2010, on a créé notre association : Social Change Makers. De 2010 à 2014, on a travaillé sur plusieurs projets à impact sociaux et sociétaux, comme par exemple Tamkeen Initiative. Le projet Tamkeen consiste à former des lycéens au leadership, à l’innovation sociale, à l’entrepreneuriat social. L’idée c’est que ces jeunes, après la formation, réfléchissent à comment traiter des problématiques au niveau de leur lycée. Par exemple : créer des bibliothèques avec un aspect novateur, etc. La vision du projet, c’est transformer l’élève « client » en un porteur de projet au sein du lycée. A long terme, avoir des lycées innovants et autonomes.
Depuis 2010, on travaille sur le projet Tamkeen. Je peux vous dire, vraiment, que des lycéens de 14 ans, après un travail sur eux, après avoir brainstormé avec eux, on ressort avec des idées de projets extraordinaires, innovants.
Un exemple qui a fait révolution au sein du lycée concerné : Smart shower. Des douches « smart » : l’équipe de jeunes à fait le tour du lycée et a vu plus de 1200 élèves en leur demandant quel était leur problème. Le problème majeur, en 2013, c’était : « on n’a pas de douche au sein du lycée », même pour les internes. Les élèves ont créé une douche, avec des plantations derrière pour arroser les plantes. Des lycéens de 14 ans ont fait ça ! Ils ont été voir ensuite des sponsors, qui ont financé le projet.
Redouane : Avec A Better Tomorrow, on a commencé à organiser des activités parascolaires avec les enfants, après on a pensé à faire des cartables pour les enfants en milieu rural. Avec le temps, on veut faire des crèches dans les régions où il n’y en a pas. Il y a des régions où il y a un manque d’eau : nous avons forgé des puits, et c’était l’occasion pour les habitants de faire des projets d’agriculture. C’est touchant quand tu vois l’impact sur la région. On essaie de faire quelque chose de bien dans ce pays avec les moyens de bord qu’on a. On a fait une action avec une association en France, l’association Approche, qui travaille avec les autistes et trisomiques. On a passé une semaine très agréable avec eux à Essaouira, on a appris beaucoup de choses avec eux. On découvre que c’est nous les trisomiques, pas eux ! Ils sont spontanés, disent ce qu’ils pensent, alors que nous on essaie de faire du maquillage…
Les mots qui nous inspirent…
« I still believe in synergy. But I call it natural law. »
Barry Diller
NOTRE MESSAGE AUX JEUNES
Imad : Avec le temps, j’ai découvert qu’il y a plusieurs versions de nous-même : on a l’illusion d’avoir l’ensemble des informations nous concernant, mais avec le temps, avec la profondeur et la densité des expériences, on découvre que l’on n’est plus le même, on découvre une autre version, améliorée. Lors de mon parcours de vie, j’ai découvert plusieurs versions de moi-même. Avant, pour moi, il y avait « moi », « toi », « nous ». Avec les expériences, j’ai découvert qu’ils sont interdépendants. Cela m’inspire la philosophie « ubuntu », qui signifie : Je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes tous. C’est une philosophie qui provient de l’Afrique noire. Nelson Mandela était un partisan de cette philosophie. I am because you are because we are. Nous sommes tous interconnectés. Ce n’est pas que des paroles mais un sentiment assez fort.
A travers le travail en association, j’ai découvert différents niveaux de partage.
« Donner », le giving, comme le font la plupart des associations. On peut aider comme le font les aides humanitaires.
Le deuxième niveau, c’est l’empowerment. Au lieu de donner, on doit empowerer, c’est-à-dire contribuer à ce que la personne soit autonome, pas juste à travers des dons, mais avec des compétences. Se sentir autonome, c’est passer de l’existence à la Vie. Il y a des gens qui existent, d’autres qui vivent. Si on est concentrés sur nous-mêmes, égoïstement, on est à côté de la plaque.
Si j’ai un mot à partager avec vous, c’est par rapport à cette discipline-là. Cela ouvre nos cœurs, nos esprits, d’une façon authentique. C’est cette authenticité qu’on peut sentir. Il y a une énergie universelle vraiment incroyable, qu’on peut sentir. Juste après, il y a de l’action, du mouvement. Juste avec cette énergie, nous avons pu redéfinir le mot « impossible ».