Nous avons rencontré Karine lors de l’expédition #01 au Maroc.

 

MA VIE, MON OEUVRE

Je m’appelle Karine Benabadji, j’habite près de Marrakech, je suis mariée et j’ai 5 enfants. Avec mon mari, nous avons créé une association qui s’appelle Open Village.

Avec ma famille, nous avons fait un tour du monde à la rencontre des villages autonomes. C’était une expérience géniale. Mais on n’a pas besoin de faire le tour du monde pour comprendre tout ce qu’il se passe. Toutes ces petites actions locales, c’est ce qui fait qu’aujourd’hui les choses vont changer.

Pendant un an, on n’a pas eu d’informations. On n’a rien perdu. Se nourrir de catastrophes ne fait que nous enliser dans un système qui est très lourd, alors qu’on peut en sortir simplement. Une des grandes leçons de ce voyage, c’est : « parle à ton voisin, tu vas apprendre des choses et avancer. »

Ce qui m’anime, c’est la rencontre avec des personnes inspirantes, que j’ai trouvé dans le village Tizi N’Oucheg avec lequel nous travaillons, et dans les autres villages rencontrés ensuite ; rencontrer des gens d’une simplicité, d’une spontanéité, d’une grande richesse de cœur.

COMMENT J’OEUVRE POUR LE MONDE

Le village Tizi N’Oucheg

Open Village, c’est l’idée de réduire l’exode rural qui existe au Maroc, en permettant à des villages qui en exprime le souhait de se développer en autonomie. Aujourd’hui, les villages sont très isolés, ceux éloignés des zones de passage. Ces villages sont complètement abandonnés par l’État, et par tout le monde. On s’est rendus compte, en travaillant depuis 15 ans avec l’un de ces villages (le village Tizi N’Oucheg, au Maroc), que les habitants étaient tout à fait capables de redynamiser le village en créant des conditions de vie acceptables et même très agréables (car ils sont dans des coins magnifiques en général), en améliorant tout ce qui est accès à l’éducation, à l’eau, à l’électricité, accès à la route.
L’idée d’Open Village, c’est l’échange. Un village ne doit pas faire ça pour lui, il fait ça dans l’idée de vouloir partager avec d’autres. Partager ses savoirs-faire, partager tout ce qu’il apprend de son changement.

Le projet Open Village a commencé en 2005 avec la découverte du village Tizi N’Oucheg, un village rendu autonome par ses habitants. Cela a été un tel enrichissement pour toute ma famille de découvrir ce village, de monter des projets avec eux. Dès qu’ils avaient des idées et que nous on pouvait leur être d’un soutien quelconque par notre connaissance de réseau en ville ou de savoirs-faire qu’ils n’avaient pas, on leur permettait d’y accéder, on était une sorte de catalyseur entre le village et la ville. C’était une expérience tellement riche pour nous, qu’on s’est dit : « si on allait voir s’il y a d’autres villages comme ça ailleurs dans le monde ? » Cela nous permettrait d’être encore plus opérationnel vis-à-vis des villages au Maroc. Savoir si c’est ce village-là qui est incroyable, ou si c’est le fait d’être isolé et contraint de vivre différemment qui fait que ces gens ont gardé une sagesse que nous n’avons plus.
Le constat, c’est qu’après la visite de 12 villages dans 12 pays du monde entier, on retrouve exactement les mêmes valeurs, les mêmes problématiques et les mêmes solutions.

LES ENJEUX

On a trouvé des villages après une grosse recherche par réseau, par connaissances, par Internet, etc. On a passé un mois dans chacun de ces villages, qui avaient les mêmes caractéristiques : isolés, pays en voie de développement, pas soutenus par l’État, devoir se débrouiller tout seul, et qui avaient fait le choix de se développer pour que les gens ne quittent pas le village. Une fois qu’on avait choisi ces villages, on s’est rendu compte que les problèmes qu’ils rencontraient étaient des problèmes d’éducation, d’accès à l’eau, des problèmes de gouvernance, d’autonomie (comment arriver à s’en sortir seul sans l’aide d’associations humanitaires), les problèmes de culture, de préservation de leur culture (car ils ont besoin d’identité). Et les solutions sont toujours les mêmes. Par exemple, pour l’école : quand on commence à mettre une école dans un village, qui obligatoirement est Étatique, on est obligé de suivre l’État. Mais au Pérou, les Incas ont introduit dans le système Étatique une préservation de leur culture. On apprend aux enfants le quechua, le tricot, le tissage, parce que ça fait partie de leur identité, et tout le monde doit continuer à savoir tricoter à tous les âges. Ça fait partie de l’éducation.
L’éducation, typiquement, c’était partout la même chose. Pareil pour la gouvernance : il faut que tout le monde puisse avoir une voix dans le village. L’accès à l’eau, c’est le premier truc : mettre en place un accès simple à l’eau, sans pour autant qu’elle soit dans les maisons. Mais il faut de l’eau potable accessible pas loin. Si c’est trop difficile, les filles ne veulent pas rester dans le village.

Les mots qui m’inspirent…

« Les villages peuvent faire de grands progrès si ils coopèrent. Nous devons rechercher sur quelles activités et jusqu’à quel point nous pouvons travailler ensemble. Même si tous ne sont pas enclins à coopérer, nous devons identifier ceux qui sont prêts à essayer. »
Gandhi

MON MESSAGE AUX JEUNES

Quand on touche à cette façon de vivre autrement, on est perçu par tout le monde comme des illuminés. Mais en fait on se sent tellement mieux, et on est tellement sûr que c’est ça qui nous rend heureux qu’il faut oser. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui y a été et qui s’est planté. Ça crée des énergies qui sont tellement positives. Quand tu te lances dans un truc, tu vas justement trouver la réponse à la question que tu te posais la veille, parce que t’es dedans, et tu te plantes pas, tu avances.